EN BREF
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Le secteur touristique, bien que représentant 4% du PIB français, contribue à 11% des émissions nationales de gaz à effet de serre (GES). En 2022, ses émissions ont atteint 97 millions de tonnes de CO2e, équivalent à l’empreinte carbone de 10 millions de Français. La mobilité des touristes est le principal poste d’émissions, en particulier le transport aérien qui, à lui seul, prend une part significative de cet impact. Par ailleurs, le tourisme engendre également une surconsommation de ressources, une mauvaise gestion des déchets et menace la biodiversité. En conséquence, le changement climatique renforce des enjeux cruciaux pour le secteur, avec des risques pour l’attrait de nombreuses destinations touristiques.
Le secteur touristique est confronté à de nombreux défis, dont l’un des plus pressants est l’impact du changement climatique. Ce phénomène global affecte les destinations touristiques et leurs capacités d’attraction, tout en exacerbant les effets de l’activité touristique elle-même sur l’environnement. Cet article examine en profondeur les liens entre le tourisme et le changement climatique, en abordant les émissions de gaz à effet de serre (GES) générées par le secteur, les répercussions sur la biodiversité, les ressources naturelles et les communautés locales, ainsi que les réponses possibles pour une transition vers un tourisme plus durable.
Le tourisme à l’ère du changement climatique
Avec la reprise du tourisme après la pandémie de COVID-19, les principales destinations mondiales, dont la France, voient leurs préoccupations liées au changement climatique grandir. En effet, le secteur touristique contribue de manière significative aux émissions de GES, engendrant environ 97 millions de tonnes de CO2e en France pour l’année 2022. Cette empreinte carbone équivaut à celle de 10 millions de Français, un chiffre qui met en lumière l’ampleur du défi à relever.
Les 46 millions de tonnes de CO2e, représentant la moitié de ces émissions, proviennent d’activités réalisées directement sur le territoire. À l’échelle nationale, le tourisme est responsable de 11% des émissions totales du pays, et cela alors qu’il ne représente que 4% du produit intérieur brut (PIB). Ce déséquilibre soulève des questions sur la durabilité du secteur et la nécessité d’agir pour réduire son impact climatique.
Les impacts du tourisme sur l’environnement
Emissions de gaz à effet de serre
Les émissions du secteur touristique proviennent principalement de la mobilité des voyageurs, représentant environ 70% des émissions totales. Les trajets retour vers les lieux de séjour sont particulièrement problématiques, avec près de 60% des émissions attribuées au transport. En effet, le transport aérien se distingue comme le principal coupable, générant à lui seul un tiers des émissions du secteur. Les visiteurs non-européens, bien qu’ils ne représentent que 3% des arrivées, génèrent 20% des émissions, en raison de leur empreinte carbone particulièrement élevée, conséquence de leurs longs trajets en avion.
Par ailleurs, l’utilisation de la voiture pour les déplacements locaux contribue également de manière significative, représentant environ 30% des émissions, ce qui souligne l’importance d’une éventuelle décarbonation dans ce domaine.
Consommation des ressources naturelles
Au-delà des GES, le tourisme génère une surconsommation de ressources essentielles comme l’eau, l’énergie et divers matériaux. Ces effets sont exacerbés dans certaines régions à forte contrainte hydrique, où l’eau douce est souvent prélevée de manière non durable. Par exemple, les piscines, l’agriculture et les infrastructures liés au tourisme consomment des quantités d’eau considérables, aggravant le stress sur les nappes phréatiques, en particulier dans des zones déjà vulnérables.
La surconsommation des ressources entraîne un déséquilibre non seulement au niveau local, mais également au niveau global, où la préservation de ces éléments devient un enjeu crucial. La mauvaise gestion de ces ressources peut mener à des conflits d’usage et affecter les populations locales.
Produits de déchets et pollution
Le tourisme génère également une quantité importante de déchets mal gérés, ce qui a un impact dévastateur sur les écosystèmes locaux. Dans des destinations prisées, comme la Méditerranée, l’accumulation de déchets plastiques a vu sa quantité augmenter de 40% pendant les saisons touristiques. Les océans et plages subissent une pression énorme, dégradant leur richesse naturelle et leur biodiversité.
La pollution des eaux et des sols due aux rejets excessifs d’eaux usées est un autre problème majeur. Des exemples tels que l’île de Boracay aux Philippines, où les rejets d’eaux usées ont entraîné une fermeture temporaire pour assainissement, montrent l’urgence d’une gestion plus rigoureuse des ressources au sein de l’industrie touristique.
Aperçu de l’impact sur la biodiversité
L’impact du tourisme sur la biodiversité est un sujet de préoccupation croissante. Non seulement les activités touristiques entraînent une érosion de la biodiversité par la destruction d’habitats, mais le développement d’infrastructures pour le tourisme contribue également à la fragmentation des habitats naturels. Cela se traduit par un isolement des espèces, rendant difficile leur déplacement et leur reproduction.
En outre, des activités telles que la pratique de sports nautiques ou le trekking dans des zones sensibles peuvent perturber les écosystèmes fragiles, favorisant l’érosion et le déclin des espèces locales. Par conséquent, la préservation de la biodiversité devient un enjeu central pour l’avenir du tourisme.
Conséquences sociales du tourisme face au changement climatique
Bien que le secteur touristique soit un puissant créateur d’emplois et puisse favoriser le développement économique dans des régions spécifiques, ses conséquences sociales soulèvent des inquiétudes. La dépendance économique à l’égard du tourisme de masse peut générer des tensions et des déséquilibres, notamment une hausse des prix de l’immobilier et la perte de l’identité locale.
Les conséquences se font sentir lorsque le tourisme n’est pas réparti équitablement sur le territoire. En France, par exemple, 80% de l’activité touristique se concentre sur 20% du territoire, laissant d’autres régions en marge de cette manne financière et entraînant des conflits d’intérêts entre la préservation des lieux de vie et l’expansion touristique.
Les solutions pour un tourisme durable
Réduire l’empreinte carbone du secteur
Pour répondre aux enjeux de décarbonation, des initiatives variées émergent dans le secteur touristique. Le destin surtout à promouvoir et à développer le tourisme, l’Organisation Mondiale du Tourisme (OMT) souligne l’importance de réduire les émissions du secteur, même si elle n’a pas encore fixé d’objectifs clairs à cet égard.
Développer des alternatives au transport aérien, comme le train pour les voyages à courte distance, et inciter les acteurs à adopter des pratiques plus durables, comme le transport en commun ou le covoiturage, sont quelques pistes pour limiter les émissions de GES. Le secteur doit, par ailleurs, investir dans des infrastructures moins polluantes.
Promotion de la sensibilisation environnementale
Il est également essentiel de sensibiliser les voyageurs et les acteurs du tourisme à l’importance de la préservation de l’environnement. Des campagnes éducatives et des promotions de choix de vacances durables (comme les séjours en éco-hébergement ou le tourisme responsable) peuvent jouer un rôle crucial pour changer les comportements.
Encourager les pratiques touristiques qui favorisent les échanges entre touristes et communautés locales peut également aider à préserver les patrimoines culturels et naturels tout en soutenant l’économie locale.
Vers un nouveau modèle touristique
Dans ce contexte, il devient impensable de continuer à développer le tourisme comme dans le passé. Les modèles de tourisme durable sont en cours d’élaboration pour garantir que les futurs développements n’aggravent pas les conséquences du changement climatique. La planification territoriale doit intégrer les considérations environnementales dès le départ, pour éviter des dommages irréversibles aux écosystèmes.
Un changement aux niveaux politique, économique et sociétal est nécessaire pour réorienter les flux touristiques et encourager de nouvelles formes de tourisme plus durables. Par exemple, la mise en avant de destinations moins connues mais tout aussi attrayantes pourrait contribuer à un équilibre des flux touristiques au niveau local.
Si le secteur touristique joue un rôle clé dans la société moderne, ses conséquences environnementales et sociales sont trop préoccupantes pour être ignorées. Face à l’urgence climatique, il est vital que les acteurs du secteur prennent des mesures pour aligner le tourisme sur les objectifs de durabilité nationale et mondiale. Grâce à une mobilisation collective et à une volonté réelle de changement, un tourisme durable peut devenir possible et bénéfique pour toutes les parties prenantes.
Les effets du changement climatique sur le secteur touristique sont devenus une préoccupation majeure. Avec la reprise des voyages après la pandémie, l’impact environnemental du tourisme se fait de plus en plus sentir. En 2022, les émissions du tourisme en France ont atteint 97 millions de tonnes de CO2e, et les experts estiment que ce chiffre est équivalent à l’empreinte carbone annuelle de 10 millions de personnes.
Les émissions proviennent principalement de la mobilité des touristes, représentant environ 70% du total, ce qui inclut notamment les trajets aériens et terrestres. Le transport aérien à lui seul est responsable d’un tiers des emissions du secteur, et les visiteurs non-européens, malgré leur faible nombre, contribuent à une part disproportionnée des émissions en raison de la distance parcourue.
En plus de la question des émissions, le tourisme engendre une surconsommation des ressources naturelles. Dans des zones déjà fragiles, cette pression peut entraîner une dégradation rapide des écosystèmes. L’eau, par exemple, est souvent prélevée sans discernement pour répondre aux besoins des vacanciers, aggravant les problèmes de stress hydrique, comme observé dans certaines régions méditerranéennes.
La gestion des débouchés liés au tourisme constitue également un défi. De nombreux endroits sont confrontés à une accumulation de déchets, notamment plastiques, pendant les saisons touristiques. Les côtes méditerranéennes, par exemple, voient leur biodiversité menacée par la pollution, et la quantité de plastique dans la mer augmente considérablement en été.
Les conséquences du changement climatique sur le secteur touristique vont bien au-delà des simples chiffres d’émissions. Des destinations populaires, comme les stations de sports d’hiver, voient déjà leur attractivité diminuer à cause de la réduction des chutes de neige. D’autres lieux autrefois prisés pourraient également être affectés par l’augmentation des températures estivales, ce qui pourrait déranger les habitudes touristiques traditionnelles.
Socialement, le tourisme de masse crée des tensions et des défis pour les populations locales. La hausse des prix de l’immobilier et la dégradation de l’identité culturelle sont des problématiques souvent observées dans les régions touristiques. À mesure que la demande touristique s’intensifie, il devient crucial de respecter l’équilibre local pour préserver la qualité de vie des habitants tout en continuant à répondre aux attentes des visiteurs.
Enfin, bien que des initiatives et des engagements volontaires émergent pour réduire les émissions du secteur, la déclaration de Glasgow lors de la COP26 reste un point focal. Il a été convenu que plusieurs organisations s’engageraient à réduire leurs émissions, mais sans cadre légal contraignant, ces engagements peuvent rester largement théoriques. La trajectoire de décarbonation du secteur touristique semble donc dépendre à la fois des actions individuelles et de la coopération entre divers secteurs économiques.